Merlot et cabernet-sauvignon à Dunham
Avant même qu’il n’ouvre ses portes en août 2016, le vignoble du Ruisseau à Dunham faisait parler de lui. Les propriétaires ont investi plus de 17 millions de dollars pour créer l’un des plus beaux domaines du Québec et pour chauffer les 7,5 hectares de vignes. La visite est surprenante.
Difficile d’imaginer ce qui se trouve au bout du chemin Strobl, dans les Cantons-de-l’Est. Après une quinzaine de minutes à rouler dans la campagne vallonnée entre Dunham et Sutton, la forêt s’éclaircit. Elle dévoile un immense bâtiment blanc de style loyaliste orné de volets noirs.
Une fois la voiture garée, l’étonnement se poursuit. Il faut emprunter un pont couvert piétonnier pour se rendre jusqu’à l’accueil. Aucun autre jeune vignoble du Québec ne possède des installations aussi somptueuses.
La beauté et la grandeur des bâtiments ne sont pourtant pas les seuls aspects qui font la marque du vignoble du Ruisseau. Dans le champ, les vignes sont reliées par un tuyau chauffé grâce à la géothermie et qui permet de protéger les plantes du froid intense en hiver.
« On a fait plusieurs tests avec des vignes de chardonnay, se souvient Sara Gaston. Celles qui étaient chauffées ont toutes survécu, contrairement aux autres méthodes où seulement une partie des vignes a résisté à l’hiver. »
La jeune femme de 28 ans terminait des études de service de restauration en 2008 quand son père Normand Lamoureux lui a parlé de son projet de retraite : un vignoble dans les Cantons-de-l’Est. L’homme d’affaires possédait l’entreprise en construction Habitations Signature. Il a eu l’idée d’utiliser la géothermie pour chauffer son vignoble.
Installée dans une grande voiturette de golf, Sara Gaston montre avec fierté les variétés européennes qui poussent dans son champ : chardonnay, riesling, gewurztraminer, pinot noir, merlot et cabernet-sauvignon.
« On cultive un seul hybride, le vidal, explique-t-elle. C’est le cépage par excellence pour le vin de glace. »
Pour aider les plantes à survivre aux froides nuits d’hiver, les vignes sont couvertes d’une toile géotextile au milieu de l’automne, une méthode répandue au Québec. La famille Gaston est cependant la seule à chauffer sous les toiles grâce à des tuyaux qui utilisent la chaleur du sol.
« La température ne descend jamais sous - 10 °C sous les toiles », détaille-t-elle.
Autre technique inusitée, les cépages rouges sont cultivés en serre durant l’été afin de prolonger la saison végétative et les aider à mûrir.
De retour au bâtiment central, Sara Gaston appelle l’ascenseur. Au sous-sol, la porte s’ouvre sur une salle de dégustation. D’immenses fenêtres permettent d’admirer deux pièces voûtées en brique où vieillit le vin en fûts.
« J’ai vraiment insisté pour qu’on construise les chais. On a embauché des maçons de Sutton qui ont tout fait à la main, même les briques. Les poutres sont autoportantes. C’est très classique. »
— Sara Gaston
À l’étage, une salle de réception permet d’accueillir 160 personnes pour des événements. Trois personnes travaillent à temps plein en cuisine même si le vignoble ne compte pas de restaurant.
« On nous refuse d’ouvrir un restaurant parce qu’on est zoné agricole », précise la vigneronne.
Qu’est-ce qui occupe les cuisiniers ? Ils préparent des bouchées pour accompagner les dégustations de vin. Ils confectionnent des confitures, des marinades, des vinaigrettes, des tartes et des produits à base d’érable provenant de leur érablière. Le tout est vendu dans la boutique du vignoble.
Le vignoble est ouvert tous les jours de l’année. De quatre à huit visites guidées sont offertes quotidiennement, sauf en janvier et en février.